Happy Schools: témoignage

Témoignage de Marie-Gaelle, accompagnatrice d’enfants traumatisés de 0 à 6 ans, qui a suivi le programme « Happy School », porté par l’association Eurasia,. sur l’approche du BNB, Bonheur National Brut, https://www.elihw.org/happy-education

J’ai suivi la première volée de formation Social Emotional Learning en anglais. Mais il semblerait que les organisateurs envisagent de la proposer aussi prochainement en français.

Le lien des objectifs de la formation Happy School avec les critères de BNB est assez évident déjà dans les points de mon témoignage. Cette formation met l’accent sur la gestion des émotions, sur l’idée d’implémenter la méditation a l’école, sur le développement de la conscience et du soin de soi, des autres et de l’environnement (environnement immédiat et jusqu’à la planète ainsi qu’aux végétaux et tous êtres vivants). Et puis les axes du bien être psychologique, de la santé, de l’utilisation du temps, de l’éducation avec la notion des valeurs en + de l’académique, des qualités relationnelles… etc…

Vous trouverez les bases de cette idée de l’école dans les travaux du Ministre de l’éducation au Bhoutan Powdyel. Ou dans le livre « A culture of Happiness » de Tho Ha Vinh.

Cette formation encourage le bien-être et le bonheur des enseignants/educateurs/soignants (mais je la trouve egalement très adaptée pour les cadres et RH… en proposant des clés de compréhension de soi, de lien profond avec notre engagement professionnel, des outils pour nous apprendre à gérer nos émotions, à améliorer le lien social, les espaces de respiration , des supports éducatifs pour augmenter la communication avec les élèves, étudiants, bénéficiaires, collègues, hiérarchies, ds exercices de réflexion personnelle ou de partage avec des proches autour de nos compétences personnelles/sociales/professionnelles… des approches pour expérimenter les bienfaits de la nature sur notre équilibre émotionnel, sur notre santé psychique et physique et comme élément majeur pour agir en education!

 Cette formation fut un régal , et m’a permis de revisiter tout le bagage de ma formation initiale en pédagogie curative (Steiner) il y a 30 ans! (Tho Ha Vinh etait le tuteur de mes 3 ans de formation et nous a enseigné les cours essentiels).

« Le parcours Happy School sur 9 mois m’a beaucoup aidée dans mon équilibre psychique, et m’a vraiment donné des outils pour reconnaître, gérer mes émotions et celles des gens qui m’entourent tant dans ma vie personnelle que professionnelle (avec les collègues, la hiérarchie, les enfants, les parents et les collaborateurs pluridisciplinaires) vu le contexte (foyer court terme d’extrême urgence en protection de l’enfance 0-6 ans)et les pressions professionnelles.

La formation en gestion des émotions sociales offre aussi des outils concrets pour utiliser la méditation de façon simple, accessible à tous, pour se reconnecter à notre corps, à nos ressentis, pour identifier nos compétences. Ces exercices mettent à l’épreuve et renforcent nos capacités à prendre soin de nous mêmes, des autres mais egalement de nous relier consciemment à toute forme de vivant et à notre environnement.

Mettre en place le BNB demande un minimum de stratégie face aux mesures et au cadre institutionnel. La formation des Happy School augmente notre énergie pour agir en faveur du bonheur et pour mobiliser notre équipe autour du bien être collectif. Dans l’accompagnement social de ces situations familiales complexes, nous avons besoin de davantage réfléchir à de la co-éducation avec les parents, de voir comment introduire le respect multiculturel, prendre en compte le parcours précédent et contexte quotidien, culturel, familial de l’enfant avant son placement et d’en faire des éléments primordiaux dans l’accueil de l’enfant, dans la collaboration avec les parents.

J’aimerais vraiment solliciter l’équipe et la hiérarchie pour réfléchir à quel indicateur est vraiment important : est-ce seulement où l’enfant se situe dans la courbe poids et taille, au niveau des critères d’évaluation du développement et des aptitudes selon les grilles pédiatriques (l’évaluation est devenue l’axe principal de considération de l’enfant même à l’école!!) qu’il faut viser comme objectif principal ou restaurer sa capacité d’entrer en relation, de jouer, de se reapproprier un environnement pour dormir, d’avoir du plaisir à manger ? Nous accueillons des bébés allaités, emmaillotés selon les traditions, ou dormant en cododo, avec des habitudes alimentaires très différentes… La cadence de travail, les rythmes institutionnels, les protocoles de plus en plus déconnectés de l’individu peuvent me donner l’impression de rajouter de la maltraitance à la violence qui amène au placement des enfants mais aussi au vecu des parents qui sont parfois happés dans une spirale où ils n’ont pas toujours tout compris, où ils sont en partie démis de leurs fonctions parentales et littéralement sortis du jeu.

 Le programme Happy School m’a reconnectée à moi, a favorisé ma légitimité d’exprimer mes ressentis et idées dans mon travail et de créer des relations, m’a permis de me sentir libre d’accorder une vraie attention à l’autre, d’autoriser les émotions, de me sentir en paix avec mes valeurs, d’enlever les jugements limitants du « ce n’est pas professionnel! » pour le remplacer par des relations de cœur à cœur, d’être humain à être humain, de chemin à chemin. Cette formation m’a egalement libérée des craintes liées au salaire, aux attentes des dirigeants, encouragée à adapter mes contrats professionnels pour m’orienter pleinement dans l’action sur le terrain et me dégager des fonctions administratives tout en conservant la possibilité d’expression auprès de la hiérarchie. J’ai réussi à identifier clairement mes propres besoins, mes compétences et comment je désirais désormais m’engager professionnellement. L’introspection proposée, à travers les exercices et sujets de réflexion proposés chaque semaine durant les 9 mois de formation change la conscience de soi et des autres, ceci transforme la relation. Cela favorise aussi une reconnexion au physique, au corps à la respiration consciente.

Ceci m’a fait réaliser aussi que la formation n’imprime pas ma transformation et mes actions uniquement du point de vue théorique, mais en terme de profonde « manière d’être », modifie l’élan intérieur dans le Care! Même si je suis fière d’avoir obtenu le diplôme « papier » de cette formation, je peux dire aujourd’hui que je n’ai pas « besoin » du titre pour justifier ou prouver cette formation. Je la porte en moi, je l’exprime dans mon action professionnelle et simplement dans ma façon d’être au quotidien. L’objectif est d’incarner le programme, sans forcément le nommer. Et oui, nous pouvons travailler sur plusieurs dimensions. Comment maintenant faire rentrer ce programme dans les hautes écoles sociales mais aussi dans les universités, les écoles de management, de politique, de philosophie ? Comment interpeller les gens sur l’urgence de se relier ? Comment remettre en place les liens et les conversations inter-générations, inter cultures , de refaire vivre la notion de famille ? »